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28 mai 2025

Alouettes : James Morgan pourrait-il brouiller les cartes?

Ashley Gervais/Alouettes de Montréal

SAINT-JÉRÔME – La séance d’entrainement des Alouettes est terminée depuis plus d’une demi-heure en ce mardi chaud à Saint-Jérôme. Les joueurs ont quitté le terrain depuis de longues minutes, et les responsables de l’équipement ont presque fini de remplir le camion.

J’aurais dû dire « presque » tous les joueurs ont quitté le terrain. En effet, à une extrémité de la pelouse, le quart-arrière James Morgan et les receveurs Hakeem Harris et Charleston Rambo s’affairent encore à travailler sur des tracés dans la zone payante.

Chez les employés des Alouettes encore présents, on me glisse que Morgan est toujours le dernier joueur à quitter le terrain à la fin des entrainements. Un dévouement impressionnant pour ce joueur qui a passé presque l’entièreté de la saison dernière sur l’équipe d’entrainement.

Mais Morgan n’est pas le quart-arrière réserviste typique. Repêché par les Jets de New York lors du repêchage 2020 de la NFL, il a roulé sa bosse chez nos voisins du sud pendant quelques saisons avant de se joindre aux Alouettes en janvier 2024.

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Le coordonnateur offensif des Alouettes Anthony Calvillo s’est dit très impressionné par la volonté de Morgan d’apprendre et de s’intégrer depuis son arrivée à Montréal.

« Tôt le matin, il passe à travers les jeux, seul sur le terrain. Depuis quelque temps, certains receveurs le rejoignent, et il les aide à se préparer », a mentionné Calvillo. « Il est toujours bien préparé. Il aide non seulement notre attaque, mais aussi tous les jeunes joueurs. »

Si les habiletés athlétiques qui lui avaient permis d’être repêché par les Jets étaient déjà apparentes dès son arrivée l’an dernier, Morgan devait avant tout s’acclimater au style de jeu du football canadien et aux allures bien différentes des schémas de jeu. Après un an à apprivoiser les rouages de la Ligue canadienne de football (LCF) et des Alouettes, le quart-arrière s’est présenté au camp cette année en confiance.

Et ça parait.

Depuis le 10 mai, il lance le ballon avec force et précision, en trouvant rapidement ses cibles sur le terrain. Si la hiérarchie des quarts-arrière des Alouettes semblait déjà bien établie d’entrée de jeu, Morgan fait ce qu’il peut pour brouiller les cartes.

« James réalise beaucoup de gros jeux cette année », poursuit Calvillo. « Il a été capable d’absorber toute l’information et de s’adapter. »

« La première année, j’essayais simplement de trouver mes repères », explique Morgan. « Cette année, je peux vraiment me concentrer sur les détails. Je sais où les gars vont être et je peux effectuer de meilleures lectures des défenses. »

La position de quart-arrière est peut-être celle qui diverge le plus entre les footballs américain et canadien. En effet, avec tous les mouvements effectués avant la remise du ballon au football canadien, tous les processus de lecture de jeu enseigné aux États-Unis ne sont pas tous applicables. Par exemple, un quart-arrière prend une photo mentale de la défense avant la remise du ballon au football américain. Au Canada, avec tous les mouvements, cette photo doit être prise une fois le ballon remis. C’est une des raisons qui explique pourquoi certains quarts-arrière américains peinent à s’adapter au style de jeu canadien.

Ashley Gervais/Alouettes de Montréal

« Premièrement, il y a 12 joueurs sur le terrain. Les attaques bougent beaucoup, donc, nécessairement, les défenses suivent le pas. Calvillo est bon pour nous enseigner à regarder au bon endroit », affirme Morgan. « Parfois, les défenses peuvent se tromper, mais tout de même se trouver dans le chemin d’un tracé. En tant que quarts-arrière, c’est notre travail d’être disciplinés et de toujours avoir nos pieds et nos yeux au bon endroit, au bon moment. C’est un ajustement, mais ça fait partie du travail d’un quart-arrière. »

Il est impressionnant de voir un quart-arrière ayant goûté à la NFL être aussi ouvert et dévoué à tranquillement gravir les échelons dans la LCF. Pour le principal intéressé, c’est tout simplement la passion du football qui lui permet de demeurer motivé à chacune des étapes de sa carrière. Et il a trouvé l’environnement parfait chez les Alouettes.

« C’est une équipe spéciale. Il y a une ambiance familiale qu’on ne retrouve vraiment pas partout. C’est super de revoir tous les gars cette année. J’ai bâti des relations avec des joueurs des deux côtés du ballon et je suis très reconnaissant de me retrouver ici aujourd’hui. »

« Encore aujourd’hui, deux gars sont restés avec moi après l’entrainement. On s’entraide tous l’un et l’autre à devenir meilleur. C’est un peu une tendance au sein de cette équipe. Il y a plusieurs meneurs parmi les joueurs qui nous poussent à être meilleurs et à prendre le temps qu’il faut. En tant que quart-arrière, je suis un technicien, donc j’apprécie vraiment cet aspect. »

J’ai mentionné plus haut la hiérarchie établie chez les quarts-arrière des Alouettes. Davis Alexander est le partant identifié depuis décembre dernier, tandis que McLeod Bethel-Thompson et Caleb Evans devraient agir comme réservistes. Ce qui laisse techniquement une place sur l’équipe d’entrainement, que Morgan doit se disputer avec la recrue Jonathan Sénécal.

Est-ce que le camp du tonnerre de Morgan, ainsi que son attitude et son dévouement pourrait venir perturber l’échiquier de l’état-major des Alouettes? Morgan bénéficiera à tout le moins d’une dernière audition pour se faire valoir, ce vendredi, contre le ROUGE et NOIR à Ottawa. Alexander et Bethel-Thompson ne devraient pas être en uniforme, ce qui devrait laisser plus de temps à Morgan pour prouver qu’il mérite une place au sein de l’alignement.

Après un an à assimiler le cahier de jeux montréalais et le style de jeu de la Ligue canadienne, pourra-t-il démontrer au directeur général Danny Maciocia qu’il a pris la bonne décision en lui octroyant un contrat, il y a de ça 18 mois?

La balle – ou le ballon – est dans son camp.