
LCF.ca/La Presse Canadienne
MONTRÉAL – Les officiels québécois Ben Major, Georgina Paull et André Proulx atteindront chacun des plateaux importants au cours de la saison 2025 de la Ligue canadienne de football (LCF).
Proulx sera l’officiel d’un 450e match en carrière lorsque les Alouettes de Montréal accueilleront les Argonauts de Toronto au stade Percival-Molson le 17 juillet. Major, quant à lui, sera l’officiel d’une 350e partie autour de la semaine 15 (NDLR : au moment d’écrire ces lignes, les officiels n’ont reçu leurs assignations que pour les 10 premières semaines de la saison). Paull, de son côté, sera l’officielle d’une 50e joute quand le ROUGE et NOIR d’Ottawa accueillera les Argonauts à la Place TD, le 29 juin.
En fait, l’emploi du conditionnel plutôt que du futur simple serait de mise dans le paragraphe ci-dessus, comme a tenu à le souligner Major, dont les premiers pas comme officiel dans la LCF remontent à 2005, à Halifax, lors d’un match préparatoire entre Toronto et Hamilton – l’un de ses meilleurs souvenirs, en carrière, dans la Ligue.
« Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs », a imagé l’homme de 52 ans. « Je ne me souhaite aucun malheur, mais plusieurs choses peuvent se produire d’ici à mon 350e match. Avant de célébrer, ou de souligner ce plateau, je vais y aller un match à la fois. Je ressens quand même une certaine fierté; ça fait plus de 20 ans que je suis capable de tenir mon bout comme officiel dans la LCF. »
Un match à la fois : voilà une devise que partage également Proulx, qui a participé à un premier match comme officiel dans la LCF en 1998 et dont le plus beau souvenir jusqu’ici remonte à la Coupe Grey de 2001, devant parents et amis, à Montréal.
« Je ne vis pas beaucoup dans le passé; je regarde toujours plus vers l’avant », a indiqué l’homme de 61 ans. « Atteindre le plateau des 450 matchs, c’est agréable, et c’est un beau grand nombre, mais je me dis toujours que le prochain match, c’est lui le plus important. Mais c’est vrai que ça fait un petit velours. »

Ben Major devrait être l’officiel d’un 350e match dans la Ligue canadienne de football (LCF) autour de la semaine 15 cette saison (Walter Tychnowicz/LCF.ca)
Paull, dont le premier affrontement comme officielle en saison régulière dans la LCF remonte à 2021 – elle avait marqué l’histoire de la Ligue, deux ans plus tôt, en devenant, en compagnie d’Emily Clarke, l’une des deux premières femmes à occuper le rôle d’officielle au sein du circuit à l’occasion d’une rencontre préparatoire à Calgary, un affrontement dont elle se souviendra toujours –, affiche, quant à elle, un peu moins de réserve que ses deux collègues.
« Cinquante matchs, ce n’est pas rien; j’ai l’impression que mon premier, c’était hier », a mentionné la femme de 37 ans. « Je me sens honorée et chanceuse de pouvoir être officielle dans la LCF. Il y a tellement d’excellents officiels partout au Canada qui rêvent de travailler dans la Ligue. Je fais partie de celles et ceux qui ont travaillé très fort pour y arriver, et qui continuent, chaque match, de travailler très fort. Nous essayons toujours de nous améliorer. »
Craignant commettre de grosses erreurs, Paull a eu le syndrome de l’imposteur à quelques reprises au cours de ses deux premières saisons, en 2021 et en 2022. Cependant, elle admet se sentir beaucoup plus à sa place depuis deux ans. D’ailleurs, si elle pouvait prodiguer un conseil à la Georgina de 2021, elle lui dirait de se mettre moins de pression sur les épaules.
« Je lui dirais de se calmer un peu », a admis la Montréalaise. « À ma troisième saison, je me suis mise à parler avec les officiels avec plus d’expérience dans la Ligue, et j’ai réalisé que tout le monde est passé par là : on trouve tous ça difficile au début. Leur parler m’a vraiment aidé, puisqu’on semble tous partager les mêmes sentiments. »
« Relaxe, et aie du plaisir », a pour sa part confié Major, un ancien secondeur de l’Université McGill qui réside aujourd’hui à Saint-Colomban, dans les Laurentides, quand on lui a posé la même question. « Quand j’ai commencé, ma carrière de joueur n’était pas si lointaine. J’étais très préoccupé, et ça m’a limité dans ma capacité d’en profiter. Je suis privilégié d’être sur un terrain de football professionnel toutes les semaines. Aujourd’hui, dans la position dans laquelle je suis rendu, je suis capable, justement, d’en profiter. C’est plaisant d’être rendu là. »

Georgina Paull devrait être l’officielle d’une 50e joute dans la Ligue canadienne de football (LCF) quand le ROUGE et NOIR d’Ottawa accueillera les Argonauts à la Place TD, le 29 juin (Candice Ward/LCF.ca)
Proulx, quant à lui, aurait aimé bénéficier, en début de carrière, de la capacité qu’il possède aujourd’hui à discerner ce qui est une pénalité et ce qu’il ne l’est pas. Mais il rappelle que pour les officiels, comme pour les joueurs, tout est une question de répétitions : plus un officiel voit de jeux, plus il devient bon à faire un certain discernement.
« J’ai pris de l’expérience, et j’ai développé un certain jugement en ce qui a trait aux infractions avec les années », mentionne le natif de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, un village non loin de Drummondville. « Mais tout vient avec l’expérience. Quand tu en as un peu moins, tu réagis plus vite, tu veux montrer que tu sais ce que tu fais, plutôt que de prendre un pas de recul. Avoir un certain discernement nous aide; mais ça vient après de nombreuses parties. »
Et des matchs, Proulx en compte plusieurs derrière le sifflet. À ses yeux, malgré ses quelque 24 ans comme officiel dans la LCF, rien ne bat les trois heures qu’il passe sur le terrain lors d’une rencontre.
Cependant, les longs voyages en avion et le fait que, contrairement à quand il avait 30 ans, il doit maintenant prendre une journée de repos après une joute, commencent à l’agacer un peu plus. Avançant en âge, Proulx sait que la fin de sa carrière approche. Mais il n’est pas encore prêt à parler de retraite.
« Ce que je souhaite, c’est de terminer ma carrière sur une très bonne note », a mentionné celui qui est aussi vice-président du Groupe Cevec, une compagnie spécialisée en électricité, en plomberie, en chauffage et en ventilation. « J’aimerais travailler cette saison et au moins l’année prochaine. Tant que je suis capable de le faire et que j’aime encore mon travail, je ne vois pas pourquoi j’arrêterais. Et, présentement, j’aime encore ça beaucoup. »

André Proulx devrait être l’officiel d’un 450e match dans la LCF lorsque les Alouettes de Montréal accueilleront les Argonauts de Toronto au stade Percival-Molson le 17 juillet (Trevor Hagan/LCF.ca)
Major refuse également de quantifier le nombre de matchs ou de saisons auxquels il espère encore prendre part dans la LCF. En fait, celui qui est aussi président-directeur général adjoint du Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides préfère plutôt se concentrer, vous l’aurez deviné, sur son prochain match.
« Avec le travail que j’occupe, quand j’ai la chance de sauter sur le terrain avec six de mes amis, devant des milliers de partisans, c’est un privilège. J’espère simplement continuer à en profiter et à m’amuser comme je le fais en ce moment », a dit Major.
« Je souhaite être bon à mon prochain match, et j’aimerais ça en profiter le plus longtemps possible. C’est quoi, le plus longtemps possible? Je ne sais pas », a-t-il ajouté. « Il y a des situations de la vie qui peuvent avoir un impact sur la capacité de faire ce que je fais. Ce que j’espère avant tout, c’est d’être capable d’avoir du plaisir et d’être performant à mon prochain match. »
Paull a offert une réponse similaire à ses deux collègues : elle ne souhaite pas se fixer un certain nombre de parties à atteindre, et veut plutôt travailler comme officielle aussi longtemps que son corps et que sa tête le lui permettront.
Celle qui est aussi météorologue pour Environnement Canada souligne, en terminant, qu’elle aimerait un jour avoir suffisamment d’expérience pour être celle vers qui se tourneront les plus jeunes pour obtenir des conseils, rendant hommage, au passage, à Proulx et Major.
« Je souhaite être perçue comme une officielle expérimentée et respectée, une officielle à qui les plus jeunes, dans la LCF ou ailleurs, se sentent à l’aise de demander des conseils », a dit Paull.
« Tout le monde respecte André et Ben partout dans la Ligue », a-t-elle ajouté. « Si tu as une question pour un arbitre en chef, tu demandes à André. Si tu as une question pour un juge de mêlée, tu demandes à Ben. C’est reconnu, partout au pays, surtout au Québec, qu’ils sont des références. J’aimerais vraiment être perçue comme eux un jour. »