
MONTRÉAL – Au camp d’évaluation de la Ligue canadienne de football (LCF), en mars dernier, l’un des espoirs s’étant les plus illustrés a sans aucun doute été le secondeur des Carabins de l’Université de Montréal Gabriel Lessard, que plusieurs analystes voient maintenant comme un joueur prêt à évoluer sur les unités spéciales dès cette année dans le circuit canadien.
Pourtant, Lessard ne s’est pas présenté à Regina par la grande porte.
Ignoré lors de la première salve d’invitations au camp, il a dû se présenter au camp d’évaluation sur invitation de la LCF, le 28 février, à Waterloo, afin de se battre pour un laissez-passer pour le camp de Regina, en mars.
À Waterloo, les premiers échos ont été que Lessard avait l’air d’un homme parmi des enfants. À six pieds, deux pouces et 234 livres, il s’est assez démarqué et est parvenu à obtenir son billet pour Regina.
En Saskatchewan, il a poursuivi sur sa lancée, s’attirant les éloges de plusieurs observateurs présents. Alors qu’il n’était pas sur le radar de bien des équipes avant le début du camp, Lessard a depuis été interviewé par six formations du circuit en vue du repêchage du 29 avril.
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Lors de mon entretien avec lui, plus tôt cette semaine, c’est une citation de Marv Levy que Lessard a utilisé pour décrire son parcours lors des derniers mois.
« Comme Marv Levy a dit, ‘quand tu travailles fort, ça devient encore plus difficile d’abandonner’. Je crois que ça résume bien mon parcours », explique-t-il. « Quand tu mets tous les efforts nécessaires, de belles choses peuvent se produire. »
Cette route sinueuse vers le repêchage, Lessard a dû l’emprunter parce qu’il a en quelque sorte été victime des circonstances lors de son passage avec les Carabins.
Faisant partie du groupe de secondeurs le plus talentueux du U SPORTS – qui incluait des joueurs comme Michael Brodrique, Harrold Miessan et Nicky Farinaccio –, il n’a jamais eu la chance de s’établir comme partant à temps plein durant sa carrière universitaire. Au sein de ce groupe, il a dû se battre pour son temps de jeu, si bien qu’il n’a pas eu beaucoup l’occasion de briller devant les dépisteurs de la LCF.
Au lieu de s’abattre sur son sort, Lessard a toujours préféré se concentrer sur la chance qu’il avait de se développer avec des joueurs de ce calibre.
Université de Montréal
« De pouvoir compétitionner avec ces gars-là chaque jour, ça m’a vraiment permis de devenir un meilleur joueur de football. Je suis très reconnaissant d’avoir pu jouer avec ces joueurs-là. »
En parlant de sa carrière avec les Bleus, Lessard mentionne l’apport de Denis Touchette, le coordonnateur défensif et entraineur responsable des secondeurs.
Touchette est un vétéran qui compte plus de 35 ans d’expérience en tant qu’entraineur au football. De type « main de fer dans un gant de velours », il a joué un grand rôle dans le développement de Lessard à Montréal.
« Quand je suis arrivé à Montréal, j’avais beaucoup de travail à faire pour être un bon secondeur au sein de l’une des meilleures équipes au pays », explique-t-il. « Il a parfois été dur avec moi, mais ça m’a permis d’en apprendre beaucoup sur la discipline et sur la rigueur au travail, et que c’est important de ne pas refaire la même erreur deux fois. Même si ça n’a pas été un conte de fée pour moi en défense, je peux dire qu’il a eu un impact très positif sur le joueur que je suis aujourd’hui.
« Quand tu joues avec les meilleurs, il y en a qui sont partants en défense, et il y a en d’autres qui doivent jouer sur les unités spéciales. J’ai accepté mon rôle là-dedans à 100 % ».
C’est de cette façon que Lessard explique comment il en est venu à être considéré comme un spécialiste des unités spéciales chez les Carabins, un rôle qui pourrait maintenant lui ouvrir les portes de la LCF.
« D’être partant sur les unités spéciales, c’est aussi bon que d’être partant en défense. Surtout au football canadien, où le positionnement sur le terrain est tellement important. »
Université de Montréal
En mars, son entraineur-chef chez les Carabins Marco Iadeluca avait vanté les habiletés de son poulain.
« C’est le joueur canadien typique recherché dans la LCF. C’est un gars qui joue sur les quatre unités spéciales, c’est un leader autant en défense que sur les unités spéciales. Il est vraiment un phénomène physique; il court bien, il est agressif. »
C’est un fait bien connu, les jeunes Canadiens passent souvent par les unités spéciales pour faire leurs preuves dans la LCF. Avec le recul, on peut donc affirmer que la spécialisation de Lessard au sein des unités spéciales est aujourd’hui ce qui lui donne une longueur d’avance sur plusieurs de ses confrères.
En Lessard, les équipes de la LCF voient un joueur qui connait bien les quatre unités spéciales, qui a le physique de l’emploi, et qui a prouvé sa grande détermination.
« Ce n’est pas le chemin le plus conventionnel vers la LCF », admet le principal intéressé. « Je dis souvent que je suis un secondeur qui a réussi à maitriser les unités spéciales. Ça ajoute une corde à mon arc, qui est très intéressante pour un Canadien dans la LCF. »
Gabriel Lessard est l’exemple parfait pour les jeunes joueurs de football qu’il n’existe pas un seul parcours pour atteindre son rêve et qu’avec de la détermination et de la résilience, l’objectif ultime est toujours atteignable, peu importe le chemin qui doit être emprunté.