
Université de Montréal

MONTRÉAL – Le joueur de ligne défensive Jeremiah Ojo est l’espoir québécois le mieux classé en vue du repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF), qui aura lieu le 29 avril.
Pourtant, quand les Carabins de l’Université de Montréal ont recruté le Montréalais, en 2021, celui-ci ne comptait que six rencontres d’expérience à son actif, selon les dires de son entraineur-chef Marco Iadeluca. Un fait plus que rarissime au football universitaire canadien.
« Pour rectifier, c’était même quatre matchs », mentionne en riant Ojo. « Trois matchs, puis le quatrième j’étais extrêmement blessé, je ne pouvais presque pas courir. »
Ce fait démontre l’étendue du talent naturel d’Ojo, qui a commencé à jouer au football à 17 ans. Outre ses habiletés physiques exceptionnelles, ce sont sa détermination et sa volonté d’apprendre qui lui ont permis de rattraper le « temps perdu ».
Portrait d’un gentil géant qui cogne aux portes du football professionnel.
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C’est en cinquième secondaire qu’Ojo a ressenti pour la première fois l’appel du football. Lui qui avait jusque-là consacré tout son temps au basketball, c’est la vie qui a mis le sport qu’il pratique aujourd’hui sur son chemin.
« À mon école secondaire, toute l’école, on avait pu rater la troisième période pour aller regarder le match de football de notre équipe », explique Ojo. « En regardant jouer les joueurs, je me suis dit que je pourrais compétitionner avec eux. Pas qu’ils n’étaient pas bons, mais j’avais l’impression que je pouvais avoir ma place. »
À partir de ce moment-là, Ojo a commencé à s’intéresser au football. Il avait déjà joué quand il était très jeune, mais c’est réellement après ce match qu’il a ressenti pour la première fois le désir de prendre part à ce sport.

Université de Montréal
Son ami l’a donc invité au camp Athletic Academy Showcase, à Brossard, qui permet aux joueurs d’âge secondaire de se faire découvrir par les dépisteurs du réseau collégial québécois. Après quelques protestations, Ojo s’est finalement laissé convaincre d’aller tenter sa chance.
Ayant emprunté les crampons de son grand frère et le casque du petit frère de son ami, il s’est présenté au camp d’évaluation à Brossard. Dès les premiers tests individuels, il était clair qu’il était dans une classe à part au chapitre des habiletés athlétiques.
« Tout de suite après les tests, un recruteur du Collège John Abbott est venu me voir. J’étais surpris! Oui, j’avais toujours aimé le basketball, mais je sentais que j’avais un peu plafonné; je n’avais pas été recruté. Là, je me faisais déjà recruter, et je n’avais même pas encore mis mes épaulières », se remémore Ojo.
Après avoir reçu des offres de quelques cégeps, dont Montmorency et Vieux-Montréal, Ojo a finalement jeté son dévolu sur le Collège John Abbott. À sa première saison, il a dû en apprendre beaucoup sur les stratégies et les tactiques, si bien qu’il n’a disputé aucun match. Avec du recul, Ojo est d’avis que cette saison d’apprentissage a été très bénéfique pour son cheminement.
« Le football et le basketball, ce sont deux sports complètement différents. À mon premier entrainement, j’étais brûlé! Je n’ai pas été habillé durant ma première saison, mais ça m’a permis de tout apprendre. D’être une éponge et de tout absorber. À ma deuxième année, j’avais une bien meilleure compréhension. »
Ojo attribue une grande partie de sa progression durant ses années collégiales à Derrick Joseph, l’entraineur de la ligne défensive des Islanders. À un moment où le manque d’expérience d’Ojo aurait pu lui mettre des bâtons dans les roues, Joseph a cru en lui et l’a pris sous son aile.
« Il a vraiment cru en moi et il s’est vraiment investi en moi. Après les entrainements, il venait me voir pour qu’on se parle. Il voulait vraiment que je m’améliore. Il a vu mon potentiel dès le premier jour, même quand moi je ne le voyais pas. »
À sa première saison universitaire avec les Carabins, Ojo a obtenu du temps de jeu et a su tirer son épingle du jeu, amassant cinq plaqués et un sac en cinq rencontres. Les choses se sont toutefois un peu corsées lors de sa deuxième campagne, alors qu’il n’a disputé que trois matchs.
Évoluant au sein d’une unité défensive au talent relevé, Ojo a été forcé de jouer les seconds violons en 2022. Il admet que cette année a été difficile mentalement.
« Sur le coup, je ne comprenais pas trop, mais c’était vraiment juste une question de compétition », explique-t-il avec le recul. « On pense toujours qu’on mérite d’être sur le terrain, que c’est la faute des entraineurs. Mais il y avait vraiment juste plus de compétition. C’était difficile sur le plan mental, mais je me disais que Dieu avait un plan pour moi, et que ma carrière ne se résumait pas à ma saison 2022. »
C’est en 2023 que la légende d’Ojo a réellement commencé. Au terme d’une saison de 21,5 plaqués, 5,5 sacs et trois échappés provoqués, l’ailier défensif a aidé son équipe a remporté la deuxième Coupe Vanier de son histoire. Lors du match ultime, Ojo a amassé 1,5 plaqué, 0,5 sac ainsi qu’une passe rabattue.
« C’est de loin la meilleure expérience de ma carrière. Tous les efforts qu’on a mis, autant individuellement que collectivement, toutes les fois où on s’est fait crier après parce qu’on était en retard à l’entrainement; on a finalement récolté les fruits de ce qu’on avait semé. »

Arthur Ward/LCF.ca
L’arbre d’Ojo n’a pas arrêté de fleurir en 2024. En huit rencontres, il a récolté 20 plaqués, sept sacs, deux échappés provoqués et une passe rabattue. Des statistiques impressionnantes, qui lui ont valu de pointer au septième rang des meilleurs espoirs en vue du repêchage du plus récent classement du bureau de recrutement de la LCF.
Au camp d’évaluation de la LCF, à Regina, Ojo a confirmé à tout le monde qu’il était un espoir de premier plan, et qu’il allait fort probablement être choisi au cours des deux premiers tours.
Avec sa charpente de six pieds, deux pouces et 246 livres, Ojo a épaté la galerie avec un temps de 4,59 secondes lors du sprint sur 40 verges. Son temps de 4,27 secondes au test des changements de direction a été le meilleur à sa position, et il a réussi 25 répétitions au développé couché pour mettre un point d’exclamation à sa journée de tests.
Dans le premier repêchage simulé de LCF.ca, les Alouettes de Montréal sélectionneraient Ojo au deuxième tour, 14e au total, mais la plupart des experts s’entendent pour dire qu’il ne sera plus disponible à ce stade-ci du repêchage.
Malgré la pression qui vient avec le fait d’être un espoir de premier plan, Ojo approche les choses avec gratitude et reconnaissance.
« Même si on a l’impression qu’il y a beaucoup de pression puisque je suis classé haut, je vois ça comme un privilège. Quand j’ai de la pression sur les épaules, je vois ça comme une autre occasion de prouver que j’ai ma place parmi les meilleurs. »