
Arthur Ward/LCF.ca

MONTRÉAL – J’aime demander aux jeunes espoirs s’ils ont eu un entraineur au cours de leur carrière qui les a particulièrement influencés ou qui les a guidés vers où ils sont aujourd’hui.
Cela ouvre une fenêtre qui permet d’en apprendre davantage sur le parcours d’un joueur ou sur les défis qu’il a dû surmonter pour en arriver à cogner aux portes du football professionnel.
À Regina, il y a deux semaines, j’ai posé la question à tous les espoirs québécois qui se sont assis face à moi lors de la journée de disponibilités médias du camp d’évaluation de la Ligue canadienne de football (LCF).
C’est la réponse du demi offensif Ludovick Choquette qui a le plus retenu mon attention.
« Je ne dirais pas un entraineur, mais plus une figure dans ma vie », a répondu le produit de l’Université de Long Island. « Bruno Heppell est le père de mon meilleur ami. Depuis que je suis jeune, il a tout le temps été une figure paternelle. »
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Voilà le genre de révélation qui titille le sixième sens d’un journaliste.
Les partisans de football connaissent bien Bruno Heppell, cet ancien centre-arrière des Alouettes qui est maintenant analyste à RDS. Pour en apprendre plus sur ce lien qui unit l’ancien champion de la Coupe Grey à cet espoir de premier plan en vue du prochain repêchage de la LCF, je suis allé directement aux sources.
« Je l’ai rencontré quand il avait huit ans », m’apprend Heppell, rejoint chez lui en pleine préparation pour le repêchage de la NFL. « Il jouait dans l’équipe de mon gars. La première fois que je l’ai vu, il jouait à la même position que mon gars. Je regardais ça aller et je me suis dit ‘wow, mon fils va en avoir pour son argent!’ »
Très vite, Ludovick et Jason, le fils de Bruno, ont développé une amitié. Comme Bruno l’explique, c’est en raison du fait que Ludovick passait beaucoup de temps au domicile des Heppell qu’il a appris à le connaitre.
« Il était souvent chez nous. Il faut savoir qu’il a été élevé par sa grand-mère », explique Heppell. « On est tous devenus proches; quand il y avait des réunions après les matchs, même sa grand-mère venait chez nous. Elle est même devenue mon agente de voyage! »
La grand-mère de Ludovick était d’ailleurs présente à Regina pour le camp d’évaluation, et elle préparait des collations pour son petit-fils entre les séances d’entrainement!
C’est à force de côtoyer Heppell que ce dernier est devenu un modèle pour le jeune Ludovick. À un moment où il ne bénéficiait peut-être pas d’un exemple masculin à la maison, Heppell, par ses actions, lui montrait la marche à suivre, autant au football que dans la vie.
« Bruno, c’est comme une figure paternelle, c’est un homme que j’admire », a affirmé Choquette. « Il a accompli beaucoup de choses dans sa carrière que j’aimerais aussi accomplir. Ça me motive énormément. Il m’a montré à être un homme conscient de ses alentours, à être respectueux. »
Le récipiendaire de ses compliments admet avoir été un peu pris de court par les propos de Choquette. Heppell explique ne pas avoir été conscient de l’impact qu’il a pu avoir sur le meilleur ami de son fils.
« J’étais tellement content d’entendre ça. Il a décidé par lui-même de me prendre en exemple, de me voir comme influence paternelle. Quand j’ai entendu ça, je me suis dit ‘OK, il me regardait de plus proche que je pensais!’. J’ai eu le frisson, je suis devenu émotif. »
Évidemment, pour un garçon passionné par le football, pouvoir régulièrement côtoyer un champion de la Coupe Grey qui possède tout ce bagage d’expérience est un privilège inestimable. Même plus jeune, Ludovick n’a jamais caché à Bruno ses intentions de jouer chez les professionnels, comme il l’avait fait des années plus tôt.
« Il me disait ‘Bruno, moi je veux faire mieux que toi’ », se remémore en riant Heppell. « Je lui disais ‘tu sais quoi, c’est bin correct mon homme’. J’ai toujours su qu’il allait avoir une carrière au football. La seule chose qui aurait pu l’empêcher est une blessure grave. »
UN ESPOIR DE PREMIER PLAN

Arthur Ward/LCF.ca
Avec comme objectif d’atteindre son rêve de jouer au football professionnel, Ludovick a fait ses valises après avoir terminé sa cinquième secondaire pour aller rejoindre la Clearwater Academy International High School, en Floride.
Cela démontre évidemment son grand talent, mais on peut ici y apercevoir un aperçu de sa détermination. À un jeune âge, alors qu’il ne parlait pas encore anglais, il a décidé par lui-même de se relocaliser loin de chez lui pour poursuivre son but ultime.
« Pour te donner une idée de sa détermination, il n’a pas attendu d’avoir fini le cégep pour envoyer des vidéos de lui aux États-Unis; il faisait ça à l’école secondaire », mentionne Heppell. « C’est un bel exemple de son état d’esprit. »
« Mon anglais n’était pas très bon », se remémore Ludovick, « Mais l’encadrement là-bas pour s’améliorer rapidement était excellent. J’ai pu être vu par plusieurs universités américaines. »
Après Clearwater, Ludovick a rejoint les rangs de l’Université Western Illinois, avec laquelle il a disputé quatre saisons. Durant cette période il a amassé 679 verges au sol et cinq touchés, en plus d’en inscrire cinq autres par la passe. Quand le personnel d’entraineur a changé en 2024, Ludovick a décidé d’aller disputer sa cinquième saison universitaire avec l’Université de Long Island, dans l’État de New York, où il a porté le ballon à 99 reprises pour 533 verges et deux touchés. Il a de plus ajouté 78 verges et deux majeurs par la voie des airs.
En préparation du camp d’évaluation de la LCF, Ludovick est allé passer six semaines en Floride avec un entraineur spécialisé. Décision qui a d’ailleurs grandement impressionné Heppell.
« C’est un gars qui ne pense que football. Il prend les moyens pour atteindre ses objectifs. C’est un jeune bien enligné. Même s’il n’a pas eu de présence paternelle, je peux dire qu’il a une grand-mère extraordinaire. »
À Regina, Ludovick a récolté le fruit de ses efforts en faisant très bonne impression auprès des dépisteurs de la LCF. Il a réussi 22 répétitions lors de l’épreuve du développé couché, en plus de courir le sprint sur 40 verges en 4,72 secondes. Au terme du premier jour de séances d’entrainement, il a même été nommé choix des entraineurs.
Avec cette performance, le natif de Saint-Jean-sur-Richelieu a certainement amélioré son sort en vue du repêchage, qui aura lieu le 29 avril.
Heppell mentionne à la blague qu’il espère qu’il sera sélectionné par les Alouettes de Montréal, pour qu’il puisse le voir plus souvent. L’ancien joueur devenu analyste est convaincu que Choquette saura laisser sa marque dans la LCF, et il pourra se dire qu’il y est pour quelque chose.