
Arthur Ward/LCF.ca
REGINA – Depuis ses premiers pas sur un terrain, Mason Fine s’est toujours fait dire qu’il était trop petit pour aspirer à jouer comme quart-arrière.
Que ce soit lorsque son entraîneur au secondeur a tenté de l’utiliser comme receveur, ou quand il a été ignoré par les principales universités américaines et lors du repêchage de la NFL : le refrain était toujours le même.
« Les dépisteurs venaient me rencontrer et me disaient que je ne jouerais jamais chez les professionnels », a dit Fine lors d’un entretien téléphonique à partir de Regina cette semaine. « Disons que j’ai développé une attitude particulière face à ça. J’ai toujours voulu les faire mentir et prouver que j’avais ce qu’il fallait. »
C’est donc dire que Fine a appris une leçon bien humaine, tout en faisant la preuve de ce qu’il savait au plus profond de lui.
« La grandeur, le poids, ma composition physique. Tous des aspects que je ne contrôle pas », a dit le quart-arrière. « Mais voici ce que je peux contrôler : ma vision des choses, mon attitude et mes qualités de meneur. Comme on dit souvent, je contrôle ce que je peux contrôler. »
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C’est avec cette mentalité que le quart de cinq pieds, 10 pouces et 190 livres entreprendra le match qui opposera les Roughriders de la Saskatchewan (3-2) aux Lions de la Colombie-Britannique (4-1), samedi soir, au BC Place.
Fine a hérité du rôle de partant après la blessure au genou subie par Trevor Harris dans la défaite de 33-31 des Riders contre les Stampeders de Calgary la semaine dernière. Une blessure qui aura fort probablement raison de la saison du quart-arrière acquis via le marché des joueurs autonomes en février dernier.
« Mon but, c’est de faire mon travail, faire mes lectures et prendre les décisions qui s’imposent pour donner à notre attaque une chance d’exécuter et d’avoir du succès », a dit Fine.
« Dès que tu commences à te faire croire que tout dépend de toi, ça ne finit jamais très bien. C’est un sport d’équipe. J’ai de bons coéquipiers et je crois en eux et en leur capacité de faire le travail sur le terrain.»
L’athlète âgé de 26 ans, originaire de Peggs, en Oklahoma, en sera à son troisième départ dans les rangs professionnels. Il fera face aux Lions et à leur coriace unité défensive.
Les Lions dominent la LCF avec une moyenne de 17 points, 256 verges totales d’attaque et 205 verges par la passe concédés par rencontre. L’ailier défensif Mathieu Betts est le meneur dans la LCF avec neuf sacs. Le club occupe le deuxième rang à ce chapitre, avec une récolte de 21 sacs.
Fine croit que la meilleure façon de battre la défense des Lions est de ne pas se battre soi-même.
« Il ne faut pas tenter d’en faire trop », a dit le quart-arrière. « Il faut faire les jeux, tenter d’éviter les sacs. Ne pas commettre de revirement et gagner des premiers jeux. Remettre le ballon entre les mains de nos joueurs. Il faut savoir quand rouler les dés, quand laisser le ballon dans les mains du demi offensif, ou quand le garder pour attaquer par la passe. »
Pour lui, ça revient toujours à la même chose : contrôler ce qui peut se contrôler. Faire confiance à ce qui a été enseigné à l’entraînement, à ce qui a été vu à l’écran. Suivre ses instincts.
« Un joueur de football ne peut pas faire son travail s’il pense trop; il ne pourra pas jouer détendu », a dit Fine. « Ce qui fait un grand quart-arrière, c’est la capacité de laisser ton subconscient gérer ça. Jouer d’instinct. Fouler le terrain et jouer ton match, selon les paramètres de ton attaque. »
Jeremy O’Day, le directeur général des Roughriders, a dit que Fine ne serait pas intimidé par les Lions ou par le bruit de la foule du BC Place.
« Il n’a peur de rien », a déclaré O’Day aux journalistes plus tôt cette semaine à Regina. « Ce n’est pas trop gros pour lui. Il est calme, posé. Un joueur très confiant en ses moyens. »
Fine a démontré le tout lorsqu’il a été appelé en renfort pour remplacer Harris la semaine passée. Il a amassé 116 verges par la passe et deux touchés.
Kelly Jeffrey, le coordonnateur offensif des Riders, soutient que Fine a un style de jeu différent de celui de Harris.
« Mason, s’il voit quelque chose lors sa première lecture, il va agir tout de suite », a expliqué Jeffrey. « Alors parfois, le ballon sort un peu plus vite de ses mains. »
« Trevor fera une première lecture, mais il verra aussi si quelque chose se développe dans les zones profondes. »
Fine a joué son football secondaire à Locust Grove, où il a établi des records pour une école secondaire de l’Oklahoma pour les verges par la passe et pour les passes de touché. Il est devenu le premier joueur à remporter deux fois le prix du joueur Gatorade de l’année de l’État.
Fine a été déçu lorsqu’il n’a reçu aucune offre de bourses d’études des grandes universités.
« Mon objectif était de payer mes études grâce à une bourse universitaire », a-t-il admis. « J’ai tellement regardé le football en grandissant à la télévision. Je voulais juste jouer dans ces stades, à ce niveau. »
Fine a finalement choisi l’Université North Texas à Denton. Il a disputé 48 matchs en quatre ans, terminant en tant que meneur de tous les temps de l’université avec 12 237 verges par la passe, 93 touchés, 1655 tentatives de passes et 1039 passes complétées.
Après avoir été ignoré lors du repêchage de la NFL en 2020, Fine a fait un essai avec les Bears de Chicago avant de signer un contrat avec les Riders en décembre 2020.
L’année dernière, Fine a amorcé les deux derniers matchs de la saison des Riders. Cette année, il a obtenu le rôle de remplaçant en battant Jake Dolegala et Shea Patterson au camp d’entraînement.
Fine est un quart-arrière Cherokee et un citoyen de la Nation Cherokee. Il comprend l’importance d’être un modèle pour les jeunes autochtones, tant au pays qu’en Saskatchewan.
« J’ai assisté à des événements communautaires et je me suis rendu dans des écoles à forte population autochtone », a-t-il dit. « Je me rends compte que je suis un modèle, quelqu’un que les gens peuvent admirer et apprécier. »
« Je veux rendre ma tribu Cherokee, chez moi, et je veux continuer à faire les choses de la bonne façon. »
Après des années de lutte pour prouver sa place, Fine se sent apprécié et respecté en Saskatchewan.
« Je suis reconnaissant pour cette opportunité en Saskatchewan et dans la LCF », a-t-il confié. « J’aime le football canadien, j’aime être ici. J’ai l’impression que les Roughriders m’ont vraiment donné toutes les occasions de montrer mes compétences. »
« J’en serai éternellement reconnaissant, peu importe comment ça se passe. »