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Saadia Ashraf
TORONTO – L’amour pour le football de Saadia Ashraf est évident, et ce, depuis bon nombre d’années maintenant. Son dévouement, sa détermination et son travail acharné en sont des preuves éloquentes.
Même en ne sachant rien de tout cela, on sent sa passion en une seconde. C’est évident dans le ton de sa voix lorsqu’elle répond à une question sur le fait d’être invitée à venir mettre à l’épreuve les espoirs, vendredi, lors du camp d’évaluation régional de l’Est, présenté par New Era, à Baie-D’Urfé.
« Je ne vais pas dire non à une chance comme celle-là, évidemment », a dit Ashraf, visiblement fébrile face à cette opportunité. « Je continue d’apprendre. »
L’entraîneuse-chef du Blitz de Montréal de la nouvelle Ligue centrale canadienne de football féminin (LCCFF) semble impatiente d’ajouter de nouvelles connaissances sur le football à son bagage déjà impressionnant, bâti en quelque 20 ans comme joueuse, comme entraîneuse, comme propriétaire et comme gestionnaire, principalement avec le Blitz.
Ashraf est une bâtisseuse du sport, une pionnière. Pour elle, une vie dans le football demande énormément d’amour. Il le faut. Sinon, comment trouverait-elle le temps?
Elle est enseignante à l’école secondaire St. Thomas de Pointe-Claire, au Québec. Sa carrière d’enseignante remonte à quelque 20 ans, ce qui signifie qu’Ashraf a dû trouver un équilibre entre le football et un travail à temps plein depuis qu’elle a commencé son séjour avec le Blitz, d’abord en tant que quart-arrière partante, puis, aujourd’hui, eh bien, à peu près comme tout le reste aussi.
En 2004, Ashraf a acheté le Blitz, une équipe née trois ans plus tôt. Elle avait rejoint la formation montréalaise peu de temps avant son achat et après avoir traversé la frontière pendant un certain temps pour jouer avec une équipe à Rochester, à New-York, appelée le Galaxy.
« Je voulais tout simplement que les femmes continuent à jouer au football avec contact », avait souligné Ashraf au LCF.ca en 2019. « C’est le sport d’équipe ultime à mon avis. »
Tout en continuant à jouer, Ashraf a relevé une multitude d’emplois et de défis hors du terrain en tant que propriétaire, gestionnaire et administratrice en chef de l’équipe au cours des 10 années suivantes. « Ça semble prestigieux de posséder une équipe de football », plaisante-t-elle, faisant référence au travail acharné qui a permis de donner vie au Blitz.
Les premiers temps ont été très durs, et l’aide se faisait rare. Le dévouement et la détermination d’Achraf ont été très précieux.
« Quand nous avons commencé avec le Blitz, vous savez, je serai franche », dit-elle.
« Il n’y avait pas beaucoup de soutien de notre association provinciale. C’est un peu comme si on nous disait ‘‘Faites votre propre truc. C’est bon, peu importe.’’ »
« Je gérais, ou je demanderais à d’autres personnes de gérer », dit Ashraf à propos de ses années comme propriétaire. « Mais je superviserais tout en quelque sorte. Beaucoup de joueuses étaient impliquées. J’avais une bonne équipe autour de moi et j’ai appris, au fil des années, à déléguer. »
« Mon rôle a évolué au fil des ans », explique Ashraf. Et il l’a effectivement fait. Elle a pris sa retraite en tant que quart-arrière de l’équipe en 2014, après avoir aidé le Blitz à remporter quatre championnats de la Ligue indépendante de football féminin (la ligue dans laquelle le Blitz a joué entre 2001 et 2016) et un championnat national canadien (2012). À deux reprises, elle a été quart-arrière de l’équipe du Canada aux Championnats du monde, en 2010 et en 2013.
Après sa retraite, elle a conservé un rôle de gestion et d’administration avec le Blitz pendant une autre année, avant de décider de se concentrer davantage sur le développement des compétences des joueuses, passant du temps à la fois comme entraîneuse des receveurs et, naturellement, comme entraîneuse des quarts. En 2015, Ashraf a commencé à transférer méthodiquement sa participation comme propriétaire dans les mains d’un groupe à but non lucratif. Ce transfert, dit-elle, est à peu près terminé, et le Blitz est maintenant géré par Andréanne Dupont-Parent, qui est également commissaire de la LCCFF.
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Travaillant ici comme entraîneuse des quarts avec Équipe Canada en 2017, Ashraf a dévoué sa vie à jouer au football, à l’enseigner et à l’administrer, dans le but d’aider le football féminin à croître au Canada (Saadia Ashraf)
Ashraf aime coacher et trouve de la satisfaction à enseigner aux jeunes joueuses les compétences et les techniques nécessaires pour réussir sur le terrain. En plus d’entraîner le Blitz, Ashraf servira d’entraîneuse des quarts pour Équipe Canada au Championnat du monde de football américain de la Fédération internationale en 2022, un tournoi qui se tiendra à Vantaa, en Finlande, à la fin juillet. C’est quelque chose qu’elle a fait auparavant, aidant le Canada à remporter une médaille d’argent au Championnat du monde de 2017, tenu à Langley, en Colombie-Britannique.
Avant cela, le travail acharné qui a été crucial au fil des ans se poursuit aujourd’hui, alors que le Blitz s’apprête à revenir sur le terrain pour la saison 2022. Cela fait un bon moment pour l’équipe, puisque ses deux saisons précédentes ont été annulées en raison de la pandémie. Montréal disputera son match d’ouverture contre le Phoenix de Québec, le 14 mai, sur le terrain du Blitz à Lachine, dans l’ouest de Montréal.
Cette pause pandémique n’a pas aidé à la croissance du football féminin au Canada. Pourtant, dit Ashraf, le désir de développer le sport continue même si, à ses yeux, le rythme de cette croissance peut parfois mettre sa patience à l’épreuve.
« Je sais qu’il ne faut pas précipiter les choses », dit-elle. « Mais je ne pense pas que ça se soit déroulé aussi vite que nous l’aurions souhaité. L’intérêt dans tout le pays a-t-il grandi? Oui. A-t-il gagné du terrain? Oui, mais pas assez rapidement. »
Certains des défis de ses débuts en tant que propriétaire/joueuse sont toujours en place, près de 20 ans plus tard. Ashraf connaît bien ces défis. On compte sur des entraîneurs bénévoles, et lorsqu’il s’agit de joueuses, être payées pour jouer reste un objectif, pas une réalité.
« Les choses ne bougent pas sans argent », dit Ashraf, ajoutant que son discours aux joueuses ne peut pas aller plus loin à ce moment-ci. « OK, nous allons vous donner du matériel et payer vos frais de déplacement », dit-elle.
Au fil des ans et grâce aux nombreux rôles qu’elle a joués avec le Blitz, Ashraf a accumulé une immense quantité de connaissances, de la façon de jouer au football jusqu’à la façon d’enseigner aux autres à faire de même. Sans parler de la vaste expérience qu’elle a accumulée dans toutes les jongleries de propriété et d’administration qu’elle a dû maîtriser afin de maintenir le Blitz de Montréal sur la scène du football.
Pourtant, Ashraf a soif de plus, et c’est pourquoi l’invitation à aider à superviser le camp d’évaluation régional de l’Est est si importante pour elle. De plus, il y a eu des discussions avec les Alouettes de Montréal sur la possibilité qu’Ashraf participe à leur camp d’entraînement pour gagner encore plus d’expérience, et échanger plus d’idées. Elle est pleine d’espoir, avide de cette opportunité.
Ashraf aidera à organiser des exercices pour les quarts lors du camp d’évaluation de ce vendredi, et ce n’est que naturel. En tant qu’ancienne quart-arrière, elle aura probablement des conseils à prodiguer. En tant que gestionnaire et de développeuse de joueurs, elle a hâte de grappiller tout ce qu’elle peut.
« J’ai vraiment hâte de voir comment fonctionne un camp d’évaluation professionnel », dit-elle. « Je veux vraiment écouter ce que les entraîneurs ont à dire. Je veux tout absorber, autant que je peux. »
Saadia Ashraf a passé des années à s’imprégner de ce qu’elle pouvait, tout en donnant tout pour faire grandir le football féminin avec contact.
Avec un printemps et un été chargés à venir, son travail qui demande énormément d’amour se poursuit.