La Presse Canadienne
VANCOUVER – Son parcours chez les professionnels a déjà été parsemé de nombreuses embuches. Le quart-arrière Travis Lulay se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins.
Lulay pourrait devenir joueur autonome le 9 février. Le vétéran de 32 ans peut choisir de signer un nouveau contrat avec les Lions de la Colombie-Britannique, où l’on s’attend à ce qu’il agisse en tant que substitut à Jonathon Jennings cette saison. Il peut aussi conclure une entente avec une autre équipe de la LCF, mais il n’aurait tout de même pas la garantie d’être partant.
Ainsi, doit-il rester ou partir?
Lulay sait que s’il demeure en Colombie-Britannique, il devra accepter une diminution de salaire. Il doit donc choisir le montant qu’il est prêt à laisser filer, puis le comparer à ce qu’un changement de formation lui coûterait.
Angus Reid, le centre des Lions aujourd’hui à la retraite, croit que la décision est évidente.
« À la fin de la saison, l’an dernier, je croyais qu’il partirait », a dit Reid. « Aujourd’hui, je crois qu’il sera de retour. Je serais très surpris de ne pas le voir dans l’uniforme des Lions en 2016. »
L’agent de Lulay, Dan Vertlieb, et Wally Buono, le directeur général et entraîneur-chef des Lions, ont mentionné que les deux parties étaient en discussion.
« Je crois que nous avons été clairs, sans faire preuve d’arrogance : nous voulons assurément que Travis soit de retour avec nous », a dit Buono.
Lulay comprend que son rôle avec l’équipe pourrait devenir celui de mentor pour Jennings.
« Travis est le coéquipier par excellence, et il accomplira toujours son rôle avec beaucoup de professionnalisme, peu importe quel est ce rôle », a pour sa part commenté Vertlieb.
Alors tout indique que les deux parties sont sur la même longueur d’onde.
Ce qui pourrait nuire à Lulay, c’est que les Lions ont déjà réembauché des joueurs comme le demi défensif Ryan Phillips, le receveur Emmanuel Arceneaux et le joueur de ligne offensive Jovan Olafioye, des athlètes qui auraient été très convoités lors de l’ouverture du marché des joueurs autonomes. Alors pourquoi l’équipe n’a-t-elle toujours pas conclu d’entente avec Lulay?
« À ce stade-ci des négociations, je veux simplement souligner que les rencontres se déroulent bien et qu’elles sont très positives », a dit Buono.
Il n’y a pas si longtemps, Lulay était perçu comme l’un des meilleurs quarts de la LCF. Il a mené les Lions à la conquête de la coupe Grey en 2011. Il avait alors été nommé le joueur par excellence de la LCF ainsi que le joueur par excellence de la Coupe Grey.
En 2012, il a mené les Lions en finale de l’Ouest, un match qu’ils ont perdu aux mains des Stampeders. En 16 matchs de saison régulière, il avait alors établi des marques personnelles en complétant 346 passes, pour un pourcentage de passes complétées de 66,5 %.
Depuis ces sommets, les statistiques de Lulay sont peu reluisantes. Une blessure à l’épaule subie lors de la semaine 12 de la saison 2013 a nécessité une chirurgie à l’hiver 2014. Sa convalescence puis une autre blessure à cette même épaule lui ont fait perdre presque toute sa campagne en 2014.
Impatient de refaire sa place parmi l’élite de la LCF l’an dernier, Lulay s’est blessé à un genou et a vu son nom être placé sur la liste des blessés pour six matchs. Jennings a pris la relève, puis il a immédiatement donné un second souffle à l’attaque des Lions, une attaque qui était auparavant prévisible et qui semblait fatiguée.
Au cours des trois dernières campagnes, Lulay a entamé 23 matchs, complétant 413 passes pour 4988 verges et 31 touchés. Il a été victime de 21 interceptions.
Un Lulay en santé peut s’avérer un atout pour plusieurs équipes. Les Alouettes de Montréal voudraient-ils lui donner une chance? Lulay serait-il une bonne police d’assurance à Ottawa, à Toronto ou à Hamilton?
« L’élément le plus important à considérer est… Est-ce qu’une équipe sera prête à lui verser beaucoup plus d’argent? », a dit Reid. « Je serais surpris qu’il choisisse de quitter les Lions simplement pour avoir la chance de peut-être jouer plus, le tout pour à peine plus d’argent. »
Si le camp d’entraînement débutait aujourd’hui, Lulay jouerait les seconds violons derrière Jennings. Ça ne veut toutefois pas dire que Lulay ne pourrait pas entamer la saison comme partant.
« Nous avons des attentes similaires pour les deux joueurs », a dit Buono. « Nous avons établi l’ordre. Mais ça ne veut pas dire qu’elle est immuable. »
Jennings a démontré de belles choses durant les huit parties qu’il a disputées avec les Lions l’année passée. Il pourrait être meilleur cette année, comme il pourrait atteindre un plateau, ou même faire un pas de recul. Un vétéran comme Lulay pourrait alors faciliter la transition et sauter dans la mêlée si nécessaire.
« Travis est plus fort et plus en santé qu’il l’a été au cours des dernières années », a dit Vertlieb. « Cet hiver, il a retrouvé sa routine habituelle, et ne concentre pas uniquement sur sa réadaptation, comme ce fut le cas auparavant. »
« Son bras était plus fort à la fin de 2015 qu’il l’était au départ, et nous sommes convaincus qu’il a encore de belles années de joueur devant lui dans le monde du football. »
Un aspect logique s’ajoute également à l’équation. Lulay habite tout juste de l’autre côté de la frontière, dans l’État de Washington, ce qui lui permet de voyager facilement entre sa résidence et la ville de Vancouver. Il a une jeune famille, qu’il ne voudrait probablement pas laisser derrière pour une saison en entier, ou qu’il ne voudrait pas forcer à déménager.
La personnalité positive et l’expérience de Lulay pourraient s’avérer un atout pour les Lions lorsqu’il choisira de mettre fin à sa carrière. Il pourrait agit en tant qu’entraîneur, ou être un ambassadeur de l’équipe dans la communauté.
« Il est très intelligent », a dit Reid. « Il pèse probablement le pour et le contre de la situation dans laquelle il se trouve. »
« Tu veux être compétitif, mais tu ne veux pas prendre naïvement une décision. Tu dois prendre soin de ta famille. Tu dois regarder l’ensemble du portrait quand tu es plus vieux. Je crois que sa valeur au sein de l’équipe dépasse le simple fait d’être le quart-arrière partant. »
Ainsi, quand Lulay décidera quel chemin prendre, ne soyez pas surpris de le voir rester sur le parcours qu’il a déjà entrepris avec les Lions.
D’après un article de Jim Morris publié sur le CFL.ca.