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WINNIPEG – Le secondeur des Lions de la Colombie-Britannique Adam Bighill a joué au sein de la même équipe à l’Université Central Washington que le quart des Eskimos d’Edmonton Mike Reilly.
Un jour, lors d’un entraînement, un joueur défensif a blessé Reilly au genou. Bighill se souvient que Reilly avait dû quitter le terrain en boitant, se demandant s’il allait à nouveau le voir à l’œuvre cette saison.
« Lors de l’entraînement suivant, il était sur le terrain avec une orthèse. C’était la seule différence », a dit Bighill, encore étonné.
« Je ne l’ai jamais vu se plaindre à cause d’une blessure. Je ne l’ai jamais vu avoir peur. Il est la définition même d’un leader inébranlable. »
Si Reilly était la vedette d’un western des années 1950, il jouerait le rôle du shérif, qui laisse ses actions parler pour lui-même. Il n’est pas toujours élégant, mais il est prêt à payer le prix pour accomplir le travail.
La ténacité a toujours été un trait de Reilly. Qu’il soit dans la pochette et qu’il encaisse un plaqué pour lancer une passe, ou qu’il abaisse la tête pour frapper un adversaire dans le but d’obtenir un premier essai, l’athlète de 30 ans de Kennewick, Washington, fera tout en son possible pour aider son équipe.
« Moi, je veux simplement gagner », a dit Reilly après un entraînement des Eskimos, cette semaine, en marge de la 103e Coupe Grey, présentée par Shaw, dimanche, contre le ROUGE et NOIR d’Ottawa.
« Je ne me préoccupe pas de la manière pour y arriver. Je ne me préoccupe pas de mes statistiques, ou si nous allons effectuer 60 passes ou 60 courses. »
Reilly a amassé 370 verges – un sommet cette saison – et a lancé trois passes de touché dans la victoire de 45-31 d’Edmonton sur les champions en titre de la Coupe Grey, les Stampeders de Calgary, la semaine dernière en finale de l’Ouest.
Il s’agissait de la neuvième victoire de suite des Eskimos, un gain qui leur a permis d’atteindre la finale du football canadien pour la première fois depuis 2005.
« Nous jouons du bon football présentement », a dit Reilly. « Je crois que c’est parce que nous prenons le tout un match à la fois. Nous ne pensons pas à notre série de victoires, nous ne pensons pas au nombre de matchs consécutifs que nous avons gagnés. »
« Nous sommes déjà passés à autre chose depuis la finale de l’Ouest. Nous nous concentrons uniquement sur Ottawa depuis lundi. C’est comme ça que nous l’avons toujours fait. Je crois que c’est pour ça que nous sommes capables de nous présenter à tous les matchs, et de bien jouer. »
La ténacité physique et mentale de Reilly a été testée plus tôt cette année.
Il a passé la majorité de la saison 2014 à se remettre de multiples blessures : un os fracturé dans le pied droit, un muscle du mollet atrophié, et une contusion à l’os de la cheville.
Puis, au moment où il se sentait enfin en santé, il a subi une blessure au genou lors du quatrième quart du premier match de la saison 2015 d’Edmonton, un revers aux mains des Argonauts de Toronto.
Par contre, dans l’un des moments les plus sombres de sa carrière, Reilly était tout de même capable de voir la lumière au bout du tunnel.
« Quand on m’a annoncé que j’allais manquer la moitié de la saison, j’étais aux anges », a-t-il confié. « Je pensais que ma saison était terminée! »
La route vers une guérison complète a néanmoins été longue et pénible.
« C’était loin d’être agréable », a-t-il dit.
Reilly a sauté sur le terrain en pleine rencontre pendant le revers d’Edmonton lors de la fin de semaine de la fête du Travail, puis il a été nommé partant pour la partie suivante. Les Eskimos n’ont perdu aucun match depuis ce moment.
En seulement une demi-saison, Reilly a complété 214 de ses 329 passes pour 2449 verges, 15 touchés et 10 interceptions. Il a aussi été le deuxième meilleur porteur de ballon d’Edmonton avec une récolte de 324 verges en 66 courses.
La témérité de Reilly lui vient naturellement. Enfant, il jouait au football avec ses frères plus vieux.
« Nous avons appris rapidement que si l’un d’entre nous se blessait et allait voir notre mère, nous avions deux choix : retourner jouer dehors, ou ne plus sortir de la journée », a-t-il dit.
Reilly voulait toujours retourner jouer.
Son père a aussi été son premier entraîneur au football.
« Être le fils de l’entraîneur, parfois, c’est un peu nul », a souligné Reilly. « Mon père a choisi de me pousser plus que mes coéquipiers, pour qu’aucun autre parent ne puisse venir se plaindre qu’il était trop exigeant envers les enfants. »
Il semble que peu importe l’équipe pour laquelle il a évolué, Reilly a toujours eu à prouver sa valeur. À l’école secondaire, à l’université ou chez les professionnels, il a toujours dû se démener pour atteindre le sommet de la charte des positions.
« J’ai toujours eu l’impression d’avoir dû travailler fort pour obtenir quoi que ce soit », a dit Reilly.
« Je comprends tous les efforts que j’ai dû déployer pour arriver où je suis aujourd’hui. Je sais aussi à quel point je peux tout perdre du jour au lendemain. »
« Quand je mettrai fin à ma carrière, je veux simplement pouvoir regarder mon parcours, et me dire que j’ai vraiment tout donné. »
Après l’université, Reilly a participé à quelques camps d’entraînement dans la NFL avant de se joindre aux Lions de la Colombie-Britannique comme joueur autonome en 2010. Il a passé trois ans avec les Lions, il a fait partie de l’équipe championne de la Coupe Grey en 2011, puis il a été échangé aux Eskimos en 2013.
Son séjour en Colombie-Britannique lui a permis de travailler sa patience.
« C’était difficile, car je n’avais pas beaucoup la chance de jouer », a-t-il dit. « Maintenant que j’y repense, par contre, c’était probablement la meilleure chose qui aurait pu m’arriver. »
« J’ai vu plusieurs joueurs talentueux se joindre à la Ligue et être lancés trop tôt dans la mêlée, de sorte qu’ils n’avaient pas complètement apprivoisé le football canadien et ne pouvaient donc pas jouer aussi bien qu’ils en étaient capables. J’ai pris part à plusieurs entraînements contre la défense des Lions. Je crois que cette situation m’a bien préparé pour le rôle que je joue depuis les trois dernières années. »
Bighill n’est pas surpris du succès de Reilly.
« Peu importe le moment de sa carrière, il a toujours été en contrôle de celle-ci », a dit Bighill. « Aucun moment n’a été trop gros pour lui. »
« À l’université, il fonçait vers les secondeurs et vers les ailiers défensifs adverses comme si de rien n’était. Il n’a peur de rien. Il apprend récemment, par contre, qu’il ne pourra pas faire une carrière en jouant tout le temps de la sorte. »
D’après un article de Jim Morris publié sur le CFL.ca.