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TORONTO – Quand Chad Kackert a disputé son premier match de football professionnel en près de deux ans, vendredi soir dernier, son retour au jeu devait se faire calmement et en douceur. Et c’est ainsi que sa soirée de travail a commencé.
Le plan était de faciliter le retour au jeu du jeune homme de 28 ans, en testant prudemment sa cheville, qui a dû être soignée à plus d’une reprise au cours des deux dernières saisons.
Après la victoire de 27-20 des Argonauts à Winnipeg le weekend dernier, Kackert est revenu sur ses premières présences sur le terrain.
« Il s’agissait d’un jeu par la passe, alors je n’ai touché à personne, ce qui est agréable, a expliqué Kackert en parlant de son premier jeu au sein de l’attaque des Argos. Sur le deuxième jeu, je devais bloquer, ce qui est plutôt rare, mais j’ai réussi mon bloc, et Deontae en a profité. »
« Je me suis alors dit “OK, un petit contact, c’est parti”. Puis, sur le jeu suivant, a-t-il continué, j’ai reçu le ballon et je suis demeuré bas en courant vers l’avant. C’est agréable de donner le premier coup plutôt que de l’encaisser. »
Environ trois heures, 16 courses, un attrapé et 89 verges plus tard, Kackert avait passé avec brio son plus gros test dans son processus de retour au jeu. Soudainement, tous les efforts déployés au cours des dernières années étaient récompensés, et les moments les plus difficiles n’étaient plus que de mauvais souvenirs.
« C’est comme si tout s’effaçait, a dit Kackert, lors d’une entrevue remplie d’émotions à la suite de la partie de vendredi. J’ai ressenti beaucoup de douleur, physiquement, émotionnellement et mentalement. Mais elle est partie. Le test ultime se déroulait vendredi, et je crois que je l’ai réussi. »
Kackert s’est rendu dans la zone des buts après la rencontre, puis il a réalisé tout ce qu’il venait d’accomplir. Ses coéquipiers lui ont décerné le ballon du match, et il les a remerciés en prononçant un discours – un cri du cœur – à propos de son retour au jeu.
L’histoire du demi offensif n’ayant amassé que 1540 verges en carrière semble recevoir beaucoup d’attention – mais plusieurs vous diront que Kackert le mérite amplement. Tout a commencé en 2012, quand Kackert a provoqué les étincelles dont avaient besoin les Argos pour remporter le match de la 100e Coupe Grey, à Toronto.
Les Torontois n’auraient peut-être pas atteint le match de championnat si Kackert n’avait pas réussi une course de 51 verges pour un touché lors du match contre les Alouettes en finale de l’Est. Et ils n’auraient peut-être pas soulevés la coupe Grey, sans lui, la semaine suivante, alors qu’il agissait comme une soupape aux côtés de Ricky Ray, captant huit passes dans un gain de 35-22 aux dépens de Calgary et méritant au passage le titre de joueur par excellence de la rencontre.
Kackert est devenu connu en 2012 pour sa capacité à bloquer et, avant tout, pour son côté explosif. Et lors de son retour au jeu, vendredi dernier, il ressemblait exactement au joueur qu’il était il y a trois ans.
« Je l’ai trouvé fantastique, a dit l’entraîneur-chef des Argonauts, Scott Milanovich. Il a joué de façon très agressive. »
« C’est ce qui est le plus inquiétant lorsqu’un joueur revient de plusieurs blessures sérieuses. Jouera-t-il prudemment? Il ne l’a certainement pas fait, et j’ai trouvé qu’il avait connu un bon match. »
Kackert n’aurait pas voulu un retour au jeu différent. Il n’a jamais eu peur d’être plaqué, quelque chose que son père lui a enseigné il y a longtemps.
« Ma philosophie : s’il va y avoir un contact, je veux m’assurer de donner un coup plus fort que celui que je recevrai, a expliqué Kackert. C’est ce que mon père me répétait sans cesse lorsque j’étais jeune. Il n’a jamais joué au football, mais il avait de bonnes philosophies, et il était très compétitif. »
C’est cette nature compétitive qui a permis à Kackert de ne jamais abandonner. Milanovich et le directeur général Jim Barker n’ont jamais abandonné, eux aussi, mais, comme Kackert, ils ont fait face à des décisions difficiles.
Les Argos ont dû concevoir un plan dans l’éventualité où Kackert ne reviendrait pas au jeu, optant pour l’ancien de la NFL Steve Slaton et pour Curtis Steele dans le champ arrière l’année passée.
« Je ne sais pas si j’ai déjà pensé qu’il ne reviendrait pas, s’est demandé Milanovich. Mais je devais me préparer comme s’il n’allait jamais être de retour. C’est ce que je lui ai dit l’an dernier. »
Ainsi, comme s’il ne l’avait jamais quitté, Chad Kackert est de retour dans le champ arrière des Argonauts, prêt à aider une équipe dont la fiche est de 5-2 à mettre la main sur le titre de la division Est. Au cours d’une année remplie d’histoires, le retour au jeu de Kackert pourrait être la plus importante de 2015 – surtout si les Argonauts devaient participer au match de la Coupe Grey en novembre prochain.
Milanovich a rappelé qu’il ne s’agissait vraiment pas d’une histoire typique de retour au jeu.
« Je crois que ce que les gens ne réalisent pas toujours, et on entend toutes ces histoires dans la NFL – Chad Kackert ne gagne pas 10 millions par saison, a dit Milanovich. C’est peut-être un cliché, mais il aime vraiment le football. »
« Il ne voulait pas arrêter de jouer en raison d’une blessure, et, selon moi, c’est ce qui rend son retour encore plus spécial. Il met sa santé en péril pour ce qu’il aime, et non pour son chèque de paie. »