
Olivier Poulin
LCF.ca
Après 10 saisons dans la Ligue canadienne de football, le bloqueur Alexandre Gauthier a contacté LCF.ca mardi avant-midi pour indiquer qu’il mettait un terme à sa carrière. Âgé de 35 ans, le Gaspésien a été libéré par les Roughriders de la Saskatchewan le 30 janvier dernier et n’a pas réellement cherché à se trouver un nouveau contrat.
« À 35 ans, j’aurais pu jouer encore quelques saisons, mais je ne voulais pas risquer de blessures sérieuses, elles que j’ai réussi à éviter au cours de ma carrière, a indiqué le premier choix du repêchage 2002 de la LCF. J’ai dit à mon agent de peut-être regarder du côté de Calgary, parce que c’est près de chez moi, mais sinon, je lui ai dit que j’étais à l’aise avec l’idée de mettre fin à ma carrière. »
Son objectif personnel de disputer au moins 10 saisons atteint et le fait que sa famille ait maintenant besoin de plus de stabilité ont également contribué à sa décision. Sans compter que Gauthier, qui travaillait à temps plein pendant la saison morte, et parfois à temps partiel pendant la saison, pour une entreprise albertaine spécialisée dans la prospection d’hydrocarbures, avait la chance de faire une transition professionnelle en douceur.
« Les étoiles sont alignées. Ça fait quelques années que l’entreprise me dit que dès que j’allais décider de mettre fin à ma carrière, j’aurais un emploi à temps plein avec eux. Je travaille pour le département des ressources humaines et je suis aussi appelé à travailler avec le marketing et les opérations, explique le bloqueur à gauche. Bon an mal an, j’embauche de 300 à 400 personnes par année. J’en vois des CV! Je savais que pour assurer une bonne transition, je devais mettre les bouchées doubles pendant ma carrière de joueur pour profiter d’une certaine expérience et avoir cette chance. En même temps, une blessure grave, et c’était fini. Je me suis toujours dit que je devais être prêt. »
Au cours des dernières années, Gauthier se levait tôt le matin pour s’entraîner afin de se préparer pour la prochaine saison, avant de prendre la direction du bureau. Un horaire difficile, qui, combiné à celui de la saison régulière, n’était pas idéal pour sa jeune famille.
« Je vais enfin pouvoir profiter de l’été, aller en camping et au lac. Pendant la saison, tu as une journée de repos par semaine, et les activités sont limitées, alors que pendant la saison morte, j’étais toujours super occupé la semaine. Je veux remercier ma famille pour son soutient au cours des années. C’est maintenant à moi de lui accorder du temps. »
Gauthier a tenu à remercier ses nombreux coéquipiers, ses entraîneurs ainsi que les partisans qui l’ont soutenu.
« Je n’ai pas joué avec les Alouettes, mais j’avais beaucoup de partisans québécois qui me suivaient. Je me suis fait de nombreux amis et je ne peux rien demander de mieux. J’ai pu visiter le Canada et découvrir le pays. En ayant joué avec 5 équipes, j’ai eu le temps de m’imprégner de la culture des villes et des habitants. C’est assez unique comme expérience. »
Parcours d’un bloqueur à gauche
Gauthier évoluait à une position qui est considérée par plusieurs observateurs comme la deuxième plus importante après celle du quart : bloqueur à gauche. C’est ce joueur qui a pour mandat de protéger l’angle mort du passeur droitier. De plus, Gauthier était canadien, un fait rare dans la LCF qui lui conférait une valeur certaine aux yeux de nombreux directeurs généraux.
« J’ai toujours préféré les contrats courts, je ne voulais pas être étiqueté à une équipe et être dans une situation où j’aurais dû accepter une diminution de salaire en vieillissant pour demeurer avec une équipe. Je savais que j’allais me promener beaucoup, indique celui qui a porté les couleurs d’Ottawa, de Calgary, de Winnipeg, de Hamilton et de la Saskatchewan. Quand j’ai commencé à jouer, j’étais le seul bloqueur à gauche canadien dans la LCF. Josh Bourke des Alouettes a été le deuxième. J’ai eu à refaire mes preuves toute ma carrière. Mais il y a toujours une équipe qui cherchait de la flexibilité pour son ratio, et l’embauche d’un bloqueur à gauche canadien était une solution que j’offrais. »
Non seulement Gauthier permettait cette flexibilité, mais dans un sport où les blessures peuvent survenir à tous moments, il a été un joueur durable. Au cours des 6 dernières saisons, Gauthier n’a pas raté un match comme partant. En fait, il n’a pas raté une seule remise!
« J’ai joué avec quelques bobos, mais quand je me vendais aux équipes, c’est ça que je leur promettais. Et je suis heureux d’avoir tenu parole. Tout cela est une question de préparation physique, d’être intelligent dans ta façon de jouer et de pouvoir compter sur d’excellents thérapeutes. Ils font des miracles ces gars-là! »
Son emploi et sa famille l’occuperont, mais Gauthier ne souhaite pas couper complètement le cordon avec le football, qui fait partie de sa vie depuis si longtemps.
« Je n’écarte pas le coaching, mais pas au niveau universitaire ou professionnel. En tout cas, pas maintenant, en raison de l’horaire qui vient avec. La priorité va à ma famille. Mais comme bénévole, aller donner un coup de main au sein de différentes équipes, ça me plairait, ajoute le bachelier en éducation physique. J’ai toujours aimé enseigner. »
Des conseils venant d’un mentor
Au fil de sa carrière, Gauthier a été perçu par plusieurs comme l’un des joueurs issus d’un programme universitaire québécois, celui du Rouge et Or de l’Université Laval, qui avait ouvert la voie à d’autres. Et ils sont de plus en plus nombreux maintenant.
« Avec l’éloignement, j’ai un peu perdu le contact avec le programme, mais à tous les camps d’entraînement, il y avait toujours un jeune du Rouge et Or ou du Québec. J’ai reçu plusieurs coups de téléphone de la part de joueurs qui posaient des questions sur la bonne façon de se préparer et pour recevoir des trucs pour passer à travers le camp d’entraînement. J’ai eu aussi la chance de jouer avec, ou d’affronter, certains de ces joueurs. C’était toujours amusant de pouvoir discuter avec eux après les matchs. Si j’ai pu être un modèle pour eux e
t si j’ai pu contribuer à établir la crédibilité du football francophone et à montrer qu’on est bien préparé à jouer chez les professionnels, tant mieux. J’ai toujours travaillé fort et j’ai toujours été fier de mon éthique de travail. »