
Guillaume Tremblay-St-Gelais
LCF.ca
MONTRÉAL – Si vous questionnez l’un des 59 joueurs qui seront présents du 2 au 4 mars prochain à Toronto dans le cadre du camp d’évaluation 2012 de la LCF présenté par Reebok, ils vous diront tous à quel point c’est un honneur de pouvoir s’exécuter devant directeurs généraux, entraîneurs et dépisteurs en vue du repêchage 2012 de la Ligue canadienne de football.
Mais si vous êtes invité au camp comme centre-arrière, et que vous ne pratiquez cette position que depuis 2 ans, vous savez que cette opportunité devient encore plus spéciale. Et ça, le centre-arrière du Rouge et Or de l’Université Laval Patrick Lavoie l’a bien compris.
« Je suis un petit nouveau à cette position, alors le simple fait d’aller au camp d’évaluation c’est très flatteur pour moi, confie Lavoie. Je suis vraiment content juste d’y être, de pouvoir performer et de pouvoir montrer ce dont je suis capable de faire. Mon objectif c’est de bien faire là-bas et de forcer la main d’une équipe. »
Ayant commencé à jouer au football en 5e secondaire au poste de receveur, ce n’est que depuis peu que l’athlète originaire de Saite-Flavie est utilisé en alternance à la position de centre-arrière et de demi inséré.
« Je n’ai pas vraiment choisi ma position à l’école secondaire, avoue Lavoie. Avant, je jouais au basketball, et quand les entraîneurs ont évalué ma vitesse et mes mains, ils ont décidé de me placer comme receveur. J’ai laissé les entraîneurs choisir et j’ai eu confiance en leur choix. C’est à ce moment-là que je suis devenu amoureux du sport et de la position. »
« Je ne suis pas le plus petit, ni le plus gros, poursuit le numéro 81 du Rouge et Or. Ce qui m’aide vraiment, c’est ma vitesse. Je suis capable de combiner puissance et vitesse, ce qui m’aide beaucoup sur le coin de la ligne pour faire de bons blocs pour ouvrir le chemin au porteur de ballon. Je suis également capable de sortir sur la passe, puisque j’ai encore des habiletés de mes années de receveur. Au sol, mon physique m’aide beaucoup pour mes déplacements et pour ouvrir des brèches pour le porteur de ballon. »
Vainqueur de la Coupe Vanier en 2008 et en 2010, Patrick ne caresse le rêve de devenir joueur de football professionnel que depuis l’an passé, à la suite de discussions avec ses coéquipiers et ses entraîneurs.
« Je n’avais jamais vraiment pensé devenir joueur de football professionnel, souligne le jeune athlète. L’année dernière, les joueurs et les entraîneurs m’en parlaient beaucoup. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je pourrais peut-être faire ça professionnellement, mais avant ça, jamais je n’aurais osé penser que j’aurais pu me tailler un poste dans la LCF. Pour moi, c’est un rêve. Je vais tout mettre les chances de mon côté pour réussir à jouer dans la Ligue et avoir un certain succès. »
Mais le rêve aurait aussi bien pu tourner au cauchemar pour Patrick Lavoie, une blessure au dos subie durant la saison morte venant altérer son entraînement en prévision de la saison 2011 du Rouge et Or.
« Je ne dirais pas que je suis passé par toute la gamme des émotions, mais au début ça me faisait peur un peu, indique le Flavien de 24 ans. J’étais apeuré de la vitesse à laquelle j’allais pouvoir revenir à l’entraînement. Quand j’ai rencontré mon médecin pour la première fois, il me disait que ça allait aller vite, trois semaines tout au plus. Mais finalement, ç’a été pas mal plus long que ça, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à paniquer. »
« Ce qui était difficile, c’est que j’étais mis à part, parce que je ne pouvais pas m’entraîner avec les gars. Le sentiment d’équipe, à ce moment-là, tu l’as moins. C’est probablement ce qui est le plus difficile. Mais aujourd’hui, j’apprécie encore plus le football et j’ai l’impression d’avoir grandi là-dedans, mais je ne crois pas être un joueur différent. »
Se présentant à Toronto en tant que joueur un peu méconnu, Lavoie espère bien laisser de bonnes impressions afin de forcer en mai prochain la main d’une équipe avec laquelle il voudrait être capable de faire du bon travail sur les unités spéciales. Un peu comme le centre-arrière des Eskimos d’Edmonton Mathieu Bertrand, une inspiration pour Lavoie.
« C’est un gars qui a tellement roulé sa bosse dans la Ligue, qui a tellement de notoriété et qui est tellement reconnu par ses pairs que ça en est inspirant, mentionne Lavoie. Il n’a pas évolué toute sa vie à cette position-là, un peu comme moi. Même que lui n’a commencé que dans la LCF! Pour toutes ces raisons, Mathieu est vraiment quelqu’un de très inspirant pour moi. »
Conscient que son jeu n’est pas encore parfait et que son développement n’a pas encore atteint son maximum, l’athlète de 6 pi 2 po se qualifie de joueur travaillant doté d’une bonne tête de football, des qualificatifs partagés par le coordonnateur offensif du Rouge et Or Duane John.
« Patrick est un joueur polyvalent et intelligent, vante John. Par son passé en tant que receveur de passe, il est une menace lorsqu’il sort du champ arrière. Sa compréhension du jeu lui permet de s’aligner à plusieurs positions. Il est un joueur exemplaire qui saura se faire respecter par ses coéquipiers grâce à son éthique de travail et à la bonne énergie qu’il dégage sur le terrain. »
Certains diront que Patrick Lavoie se présente au camp d’évaluation 2012 en tant que joueur sous-estimé. Par contre, à la lumière des commentaires émis à son égard, il ne serait pas surprenant de voir quelques regards se tourner vers lui le weekend prochain à Toronto.