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5 août 2024

Bourbonnais : Plutôt que de s’effondrer, Montréal a trouvé une façon de gagner

Geoff Robins/LCF.ca

MONTRÉAL – Cette semaine, les Alouettes nous ont prouvé que ce n’est pas la manière dont on commence un match qui compte, mais la façon dont on le termine.

L’attaque des Alouettes a été muselée en première demie, mais elle a commencé à prendre son envol par la suite. Le quart Davis Alexander a connu un début de match tranquille : il complétait ses passes, mais il ne semblait pas capable d’aller chercher le petit gain d’extra pour prolonger des séquences, aligner des premiers essais et marquer des points.

Mais un événement est venu changer l’allure du match au début du deuxième quart. Alexander a lancé une passe, qui a été interceptée, puis retournée pour un touché.

À ce moment-là, le match aurait pu prendre deux directions : les Alouettes, et Alexander, auraient pu s’effondrer, commettre encore plus d’erreurs, laisser les Tiger-Cats gagner le match, et donner espoir aux autres équipes de l’Est dans la course aux éliminatoires, ou ils auraient pu se cracher dans les mains, mettre les bouchées doubles, et revenir dans le match. Ils ont choisi la deuxième option.

Quelques minutes plus tard, Alexander a mené une séquence de 80 verges et a réservé sa meilleure passe du match sur une passe de touché vers Charleston Rambo. À partir de ce moment-là, les Alouettes avaient le vent dans les voiles, Alexander semblait plus confortable derrière sa ligne de mêlée, et il s’est mis à compléter de longues passes vers les lignes de côté. Il y a eu un placement, à la suite d’une interception du secondeur Bryce Cosby, et les Alouettes, par la suite, n’ont jamais regardé en arrière.

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Il y a eu un moment d’inquiétude en deuxième demie quand le joueur de ligne défensive des Tiger-Cats Casey Sayles a frappé Alexander à la tête. Même si le synchronisme était bon – la passe venait tout juste de quitter la main d’Alexander –, on parle d’un plaqué plus que limite, qui n’a pas sa place au football. D’ailleurs, l’arbitre n’a pas hésité une seconde; le mouchoir a tout de suite quitté sa poche. Je suis content de voir que du côté des officiels, on prend les moyens de protéger les joueurs, et surtout les quarts-arrière.

Puis il y a eu un deuxième moment d’inquiétude pour les Alouettes, quand, peu de temps après, le quart-arrière Caleb Evans s’est aussi blessé.

Dans le cas d’Evans, on parle d’une blessure à un genou, avant même qu’il y ait eu un contact avec un joueur adverse. C’est le genre de blessure qui met généralement fin à une saison.

J’ai hâte de voir comment les Alouettes vont gérer les faufilades du quart dans les prochaines semaines, parce qu’Evans était très bon pour réussir ce type de jeu. Montréal devra trouver un moyen de le remplacer adéquatement, parce que les faufilades sont des jeux de routine dans la LCF. Si tu n’es pas capable de les réussir, tu vas avoir de la difficulté à gagner des matchs, ou du moins des matchs importants.

J’arrive à la fin de mes impressions du match entre les Tiger-Cats et les Alouettes, et je n’ai même pas encore parlé de la défense.

Elle n’a rien donné en première demie (les points des Tiger-Cats avaient été marqués grâce à un retour d’interception). Elle n’a jamais donné l’impression à Hamilton qu’il pouvait revenir dans le match. Elle a concédé quelques points, mais c’étaient des calories vides; Hamilton était déjà écarté de la victoire à ce moment-là.

Le résultat final, c’est que pendant que des équipes comme Toronto, mais aussi la Colombie-Britannique et la Saskatchewan, dans l’Ouest, échappaient des matchs, les Alouettes, eux, ont trouvé le moyen de gagner, peu importe les circonstances. C’est la raison pour laquelle, après neuf semaines, Montréal semble en parfait contrôle du classement. D’un point de vue du caractère, les Alouettes ne craignent pas les défis. Et quand ils ont une équipe « prenable » devant eux, ils trouvent des moyens de gagner.

LES BLUE BOMBERS DES BEAUX JOURS CONTRE LES LIONS


 
J’ai vu les bons vieux Bombers jeudi dernier.

Depuis le début de la saison, on les attendait à peu près chaque match. Et j’avais même personnellement abandonné dans le cas des Bombers – et je ne suis pas le seul. Pas abandonné dans le sens qu’on ne les voyait pas participer aux éliminatoires. On savait que c’était une possibilité. Mais au sens où on ne pensait pas revoir l’équipe dominante qu’on avait vue par le passé.

Oui, ils affrontaient des Lions qui n’étaient pas au sommet de leur forme; le quart-arrière Vernon Adams Jr. a d’ailleurs quitté la rencontre à un certain point.

Mais reste que quand tu blanchis un adversaire, peu importe lequel dans la LCF, et ici on parle du meilleur groupe offensif de toute la Ligue, c’est impressionnant.

Offensivement, ça s’est bien passé aussi.

Ça a été un des très bons matchs des Bombers cette année. Le quart-arrière Zach Coloros a complété plus de 80 % de ses passes, et il a amassé tout près de 300 verges par la passe. Et, surtout, il n’a pas été victime de revirement. Le demi offensif Brady Olivera a gagné 142 verges combinées. Le receveur Ontaria Wilson a prouvé qu’il n’était pas un feu de paille. Et Lucky Whitehead, qui était assis sur son divan il y a quelques semaines et qui jouait un premier match cette année, a probablement été le meilleur receveur des Bombers.

La défense de Winnipeg a réussi quatre sacs. Mais elle a surtout été très robuste. Dans les dernières années, on voyait les Bombers être toujours l’équipe la plus physique; ça faisait partie de leur identité. Depuis le début de la saison, c’était souvent l’autre équipe qui gagnaient la bataille de la robustesse, surtout sur la ligne de mêlée. Mais ça n’a pas été le cas jeudi. Ils étaient capables de frapper, et ils ont visiblement intimidé les Lions. On verra si la relance est bel et bien amorcée du côté de Winnipeg, ou si c’était l’affaire d’un seul match.

Je ne suis pas inquiet pour les Lions, qui nous ont dit que la blessure à Adams n’était pas trop grave, et qu’il ne devrait pas rater trop d’action au cours des prochaines semaines. À moins de se blesser à nouveau, Adams sera là pour les éliminatoires, donc pour les Lions, ce n’est pas la fin du monde.

Par contre, en l’absence d’Adams, les matchs qui vont peut-être être perdus au cours des prochaines semaines pourraient coûter aux Lions un match à domicile lors des éliminatoires. La bonne nouvelle pour la Colombie-Britannique, au moins, c’est que la Saskatchewan a aussi échappé son match en fin de semaine.

UNE DÉCISION AUDACIEUSE, MAIS PAYANTE, POUR JACKSON ET LES ELKS


 
Ça faisait longtemps que les partisans des Elks le réclamaient, et, finalement, le quart-arrière Tre Ford a obtenu un premier départ cette saison contre les Roughriders. Et il a été bon en plus de ça.

Depuis qu’on avait procédé à un changement d’entraîneur-chef à Edmonton, on ne sentait pas vraiment « l’effet Jarious Jackson », aux deux premiers matchs de ce dernier à la barre de l’équipe. La semaine dernière, visiblement, il a pris sa première décision politique, en laissant le quart-arrière McLeod Bethel-Thompson sur le banc.

Ça n’a probablement pas été une décision facile à prendre, parce que moi-même je trouvais que Thompson n’était pas la principale raison pour expliquer les défaites des Elks cette saison.

On connaît les qualités athlétiques de Ford, qu’on avait vu l’an dernier lors de quelques matchs, mais je trouvais que sa motion de passe était étrange, et qu’il n’était pas très efficace. Ce n’est pas ce qu’on a vu en fin de semaine. Il avait l’air calme. Il est passé à quatre verges par la passe seulement du plateau des 300. Deux de ses trois présences dans la zone rouge se sont terminées par des touchés.

Notons aussi qu’il a reçu tout un appui de son attaque au sol. Le demi offensif Javon Leake a connu le match de sa vie avec 169 verges et trois touchés. Edmonton a gagné 276 verges au sol au total dans ce match-là, et ce, sans Kevin Brown. C’est difficile de gagner un match quand l’adversaire obtient autant de verges au sol; c’est extrêmement éreintant de devoir constamment freiner la course.

Du côté des Roughriders, il faut absolument se poser des questions. L’attaque a été correcte, elle a été efficace. On a même bénéficié d’un toucher de Mario Alford sur les unités spéciales du côté de la Saskatchewan pour amorcer la rencontre. La défense, qui est l’une des meilleures de la Ligue depuis le début de la saison, ne s’est tout simplement pas présentée samedi soir, surtout pour arrêter le jeu au sol.

Les Elks ont-ils trouvé une faille que les autres équipes pourront exploiter? Est-ce que c’était tout simplement une mauvaise soirée pour les Riders? Difficile d’expliquer une défaite contre Edmonton à domicile, alors que la Saskatchewan avait l’occasion de prendre une sérieuse option sur le premier rang de la division Ouest.

QUE SE PASSE-T-IL DU CÔTÉ DES ARGONAUTS?


 
Je ne sais pas quoi dire à propos de Toronto à ce stade-ci de la saison.

Ils trouvent les moyens d’échapper des matchs. Ils menaient 23-6 après trois quarts. Tout le monde disait que la saison des Argonauts était de retour sur les rails, après que l’équipe ait connu une séquence de matchs difficiles.

Mais la vérité, c’est que Toronto n’a absolument rien fait offensivement en deuxième demie. On a marqué un seul point – un botté de dégagement qui a quitté la zone des buts pour un simple – au cours des 30 dernières minutes de jeu.

C’est bizarre, parce qu’en première demie, le quart-arrière Cameron Dukes avait été très bon, même s’il avait été cloué au banc vers la fin de ses deux dernières rencontres. On reconnaissait certains bons coups du Dukes du début de la campagne, quand il gagnait des matchs, ne lançait pas de mauvaises passes, courait avec aplomb et rejoignait la zone des buts avec autorité.

Calgary est rentré au vestiaire et a apporté des ajustements pour ne pas laisser Toronto lui marcher sur le corps, pendant que, de l’autre côté, les Argonauts sont rentrés au vestiaire avec une confortable avance et semble s’être dit : « On a juste à écouler le reste du temps au cadran ». Ils ont un peu sous-estimé la possibilité que Calgary revienne dans le match.

Les Stampeders ont profité de quatre séquences de suite pour inscrire 21 points au quatrième quart et prendre les devants. C’est le genre de résultat qui peut relancer une saison.

Je ne pense pas que les Stampeders vont se transformer et devenir soudainement la meilleure équipe de la Ligue. Mais ils ont peut-être trouvé le moyen de relancer leur course vers une participation aux éliminatoires. Ça m’a rappelé, en 2019, ce fameux match des Alouettes contre les Blue Bombers, au cours duquel Montréal avait effectué la plus grande remontée de son histoire pour gagner.

Après ce match-là, Vernon Adams avait vraiment pris du galon, après quelques années à rouler sa bosse dans la LCF. J’espère que pour le quart-arrière des Stampeders, Jake Maier, la partie de dimanche sera ce genre de performance.

Parce que Maier, avec sa saison 2023 et avec son début de campagne, était en train de perdre son poste de partant. Il peut connaître de bonnes parties de temps en temps, mais il ne semble pas être le genre de quart-arrière qui peut aligner les bonnes performances et qui peut permettre à son équipe de gagner en éliminatoires.

J’espère qu’il pourra utiliser le match de dimanche pour relancer sa carrière, ce qui serait assurément une bonne nouvelle pour les Stampeders, qui ont besoin d’un quart-arrière en grande forme et qui sont capables, comme ils l’ont démontré en fin de semaine, de gagner quand leur quart-arrière joue du bon football.

Propos recueillis par Guillaume Tremblay-St-Gelais.